sábado, 9 de enero de 2010

La jeune fille au carton à chapeau ou le défi de faire aimer un film russe muet des années 20



Russe, muet, 1927, inconnu: difficile de rassembler davantage de points faibles pour avoir envie d'affronter le froid de l'hiver et se traîner jusqu'au cinéma. Pourtant « La jeune fille au carton à chapeau » vaut plusieurs fois cette prise de risque.

C'est un film (trop) court et délicieux qui fait penser à de la neige qui tombe sous un ciel blanc ensoleillé.
Cette comédie burlesque a un sens de l'humour aérien. Boris Barnet distille une poésie synthétique de l'espace, des situations et des personnages. On y prend un plaisir simple à observer les personnages se mouvoir au rythme d'un accompagnement musical généreux en émotions.

L'histoire passe presque en arrière plan (le scénario n'est certainement pas le meilleur point du film), un trio amoureux se crée et s'oppose à un couple de nouveaux riches écoeurants par leur avidité. Une histoire de chance, d'amour et de justice.
Anna Sten est parfaite en jeune Natacha, mélange de naïveté, d'espièglerie, d'indépendance et de générosité


Le premier chef d'oeuvre de Boris Barnet, commandé par la Commissariat du peuple aux finances ne remplit pas son objectif de stimuler l'achat d'obligations à lots, mais il offre tellement plus: un sentiment de légèreté et de bonheur partagé.

Le cinéma de Barnet part du réel puis il enrichit et colore sa vision par des touches d'humanité. Finalement très proche du cinéma comique muet américain (Charlie Chaplin, Keaton et Lloyd) des frères ennemis de l'époque. En plus du burlesque américain, on sent les influences complémentaires du constructivisme, et de son maître Lev Koulechov.
En résumé dilettante: c'est une sorte de Chaplin russe qui transmet un univers critique, poétique, humain, sensible, optimiste.



"Je ne suis pas, je n'ai jamais été un homme de théories. J'aime avant tout la comédie, je me plais à introduire des scènes drôles dans un drame et des épisodes dramatiques dans un film comique » explique Boris Barnet qui a clos l'histoire de sa vie par un épisode dramatique: le 8 janvier 1965, Boris Barnet se suicide dans sa chambre d’hôtel.


(seule vidéo du film disponible en visionnage sur le net)

Comment visionner ce film?
Ça tombe bien, 2010 est l'année de la Russie en France
A Paris le 16 février 2010 au cinéma le Balzac
Dans un bon vidéoclub
A l'achat pour quelques € sur Internet